Xiaoxiao Xu capture les moments de calme avant le défilé de Shèhuŏ dans le nord-ouest de la Chine

En février 2014, le photographe chinois Xiaoxiao Xu a capturé le festival pendant trois semaines, voyageant de village en village, hypnotisé par “l’atmosphère mystérieuse”de l’événement

Les préparatifs commencent aux premières heures; le soleil n’est pas encore levé. C’est l’hiver, juste après le Nouvel An chinois, dans la région de Baoji, dans la province du Shaanxi, au nord-ouest de la Chine, à l’orée du désert de Gobi. Bientôt, le calme de l’air pur sera vivant avec l’art populaire, la musique et la performance. C’est le début du festival annuel Shèhuŏ.

En février 2014, le photographe chinois Xiaoxiao Xu a capturé le festival pendant trois semaines, voyageant de village en village, hypnotisé par “l’atmosphère mystérieuse”de l’événement. Initialement, d’autres engagements de travail et la pandémie de Covid-19 ont forcé Xu à suspendre le projet. Cependant, elle a finalement pu revenir à la série, qui sera publiée cet été sous le nom de livre photo Tirer sur le Tigre, avec La Connexion Eriskay.

Les origines de shèhuŏ remontent à la dynastie Zhou (c1046–256BC) lorsque les villageois ont effectué des cérémonies spéciales dans l’espoir que les dieux leur accorderaient une récolte riche et fructueuse. ”Les gens appellent aussi le festival « Shehu » , ce qui se traduit par » tirer sur le tigre » », explique Xu. “Le tigre, dans ce cas, représente le démon et symbolise la malchance.”

Au cours des festivités contemporaines, après un rassemblement de prière au temple du village, des centaines d’interprètes s’unissent dans un défilé, endossant les rôles de dieux, de Bouddha, d’animaux mythiques et de personnages de légendes folkloriques. Les costumes élaborés et le maquillage du visage éblouissent contre le paysage blanc et enneigé. “[The make-up] reflète la personnalité d’un personnage”, explique Xu. “Un visage peint en rouge symbolise la loyauté et la bravoure, tandis qu’un visage blanc est utilisé pour les traîtres; la couleur jaune est généralement réservée à la bravoure, et les démons et les dieux sont peints d’or et d’argent.”

Cependant, au lieu de se concentrer sur cette procession animée, les images de Xu encadrent les individus pendant les moments calmes d’anticipation juste avant. Nous observons que les touches finales sont administrées; ceintures serrées. Les enfants, vêtus de costumes simples, sont prêts en premier et attendent avec leurs amis. Nous jetons un coup d’œil à travers les fenêtres ou suivons les personnages alors qu’ils marchent pour rejoindre le défilé. Chaque génération, jeunes et moins jeunes, joue un rôle. L’événement vise autant à rassembler la communauté qu’à honorer l’histoire culturelle.

Les traditions en Chine varient selon les régions et les provinces. Avant de créer le projet, Xu n’était jamais allé dans cette partie du pays. « L’événement Shèhuŏ est exotique et étrange pour quelqu’un comme moi, venant du sud-est de la Chine”, se souvient-elle. Xu vit aux Pays-Bas depuis l’âge de 15 ans, mais elle est née et a grandi à Wenzhou, une ville portuaire industrielle de la province du Zhejiang. Sa pratique explore l’histoire et les coutumes culturelles de son pays d’origine, et comment celles-ci se traduisent dans la vie contemporaine. S’appuyant sur son héritage et son expérience de la vie en Europe, Xu applique sa perspective unique pour créer des œuvres qui mettent l’accent sur les nuances de la culture chinoise et repoussent les généralisations.

« La Chine est souvent submergée par des nouvelles alarmantes et les aspects culturels du pays en Occident restent souvent sous-exposés”, dit-elle. “Avec ce projet, je veux mettre en lumière ces aspects cachés; ouvrir les choses, apporter de la vie et de la lumière, souligner les nuances. Je veux que les gens entrent en contact avec d’autres mondes, d’autres façons de voir et de penser.”

xiaoxiaoxu.com